LETTRES DE SICILE
un architecte belge à Palerme
1919-1921
Ignazio Florio Jr. (1869-1957) est l’héritier d’une dynastie palermitaine fondée par son grand-père, Vincenzo Florio Sr. (1799-1886). L’empire commercial dont les Florio tirent leur fortune considérable comprend notamment l’exploitation de vignes et le commerce du vin Marsala, du sel et des épices et de lignes maritimes. Actif dans le domaine bancaire, directeur de L’Ora, le principal quotidien sicilien, et gestionnaire des chantiers navals de Palerme (dont le chantier de modernisation entraînera sa ruine au début du XXème siècle), Ignazio Florio Jr. possède en outre de somptueuses villas (Villa Igiea, Tonnara Florio), divers usines et entrepôts et le théâtre Massimo de Palerme qu’il ambitionne de faire rivaliser avec l’Opéra de Paris. Il épouse en 1893 la baronne Franca Jacona Notarbartolo di San Giuliano (1873-1950) dont le peintre Boldini a donné un célèbre portrait. Palerme est alors surnommée Floriopolis et les jeunes gens forment l’un des couples les plus célèbres de l’époque, à l’image du couple de Noailles en France.
L’autre grande fortune palermitaine des années 1900 est Joseph Whitaker (1850-1936), entrepreneur et ornithologiste anglo-italien actif dans le commerce vinicole et les activités bancaires, qui fit construire à Palerme en 1886-89 la Villa Malfitano.
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Philippe Godoy, dans son essai Le Guépard ou la fresque de la fin d’un monde, dépeint les contrastes étonnants du Palerme de 1900-1910 : Il existait une société qui faisait de la Sicile un exceptionnel carrefour culturel et mondain. Il n’est pas exagéré de dire que Palerme a connu, comme à Paris, la Belle Epoque, autour d’une famille d’industriels-armateurs, les Florio, amis [notamment] des Tomasi de Lampedusa. Sous l’impulsion des Florio, la Sicile devint la terre d’accueil privilégiée de l’empereur d’Allemagne, des souverains anglais, de nombreuses personnalités internationales, éblouies par l’art de vivre de la haute société sicilienne. Mais la prospérité apparente, autour des Florio et des familles d’origine anglaise [...] se révèle très fragile dès la veille de la première guerre mondiale. D’une part, le gouvernement de Rome et les industriels du Nord prennent des mesures draconiennes, avec les banques, pour limiter cette expansion économique impressionnante. D’autre part, les initiatives de ces familles pour créer des emplois et assurer des conditions de vie meilleures à leurs ouvriers, se heurtent au poids des traditions : les crèches et les cantines restent vides. La misère continue de régner dans les quartiers du centre de Palerme, autour de palais majestueux. La petite bourgeoisie est [quant à elle] encore minoritaire. En 1910, le golfe de Mondello avait fait l’objet de l'une des plus grandes campagnes de promotion touristique de l’époque, organisée par Vincenzo Florio, dont la fortune familiale était sur le déclin, pour promouvoir la Semaine de l’Aviation, événement célébrant le cinquantième anniversaire du débarquement de Garibaldi à Marsala le 11 mai 1860. Ces festivités avait amené le tout Palerme sur la plage de Mondello et attiré l’attention de la presse internationale. L’année suivante voit le lancement du chantier de l’établissement balnéaire de Mondello, un édifice de style Sécession viennoise orientalisant conçu sur le modèle de la Jetée-Promenade de Nice par l’architecte belge Rudolph Stualker. Installé sur pilotis au-dessus de l’eau turquoise et relié au rivage par un pont-promenade, le bâtiment réalisé en ciment armé doit accueillir, outre les cabines de bains et de vastes espaces de solarium, concerts, conférences et restaurants. Meublé par les créations luxueuses de l’ébéniste Ducrot, il sera inauguré le 15 juillet 1913. |
Sicile, septembre 1919.
Un jeune architecte bruxellois, Lucien François, débarque au port de Palerme... Sur base d'une correspondance familiale inédite et de documents d'époque, l'aventure sicilienne de Lucien François, appelé par la suite à une grande carrière d'architecte et d'enseignant en Belgique, a pu être reconstituée. Cette enquête dans les pas de Lucien François est aussi l'occasion de comprendre ce qu'était l'état d'esprit d'un jeune Bruxellois d'origine modeste, autodidacte, passionné, idéaliste, plongé dans les tourments de l'après-première Guerre mondiale et de la naissance du fascisme. Un voyage inédit dans l'espace et dans le temps en compagnie de l'un des plus talentueux architectes belges du XXe siècle. Lettres de Sicile - cover.
Lucien François à Palerme, 1920.
Lettre de Lucien François, 1919.
Sicile, photographie de Lucien François, 1920.
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Octobre 2017
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Billet d'entrée pour le spectacle du transformiste Fregoli.
Lucien François à l'époque où il obtient son brevet d'ambulancier.
Lucien François, dessinateur de génie.
Course automobile, 1908, Sicile.
© Alice Verlaine Corbion - 2017.
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© Alice Verlaine Corbion - 2023
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