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ALICE VERLAINE CORBION

Poésie

(sélection au hasard parmi des centaines de poèmes)

DEPUIS LE TEMPS QU’ON IMMOBILE


Depuis le temps qu'on immobile

et nos ombres secouer

depuis que pyjamas défilent depuis

mes doigts fatigués

depuis le temps que oublier

            mais l'alphabet facile

depuis le temps que demain vienne

avec les manteaux colorés

maintenant langue raccourcie

maintenant faim bras trop courts

IL SE PASSE DES JOURS


il se passe des jours
il se passe des sourires des sourires sans fonction
il se passe des cris souvent qu'on prend pour des rires
il se passe des matins
et des vomis radieux de soleil éclatant
et nos pupilles terreuses se lèvent en chancelant
il se passe des heures
qui seront sans souvenirs et qui sont sans passé
des heures sans heure où l'on ne fait que vivre
il se passe même des nuits
où l'on rêve que quelqu'un nous habille
et il se passe des nuits où l'on nous déshabille
ainsi
enfin
il se passe ceci

MOT QUI GIT OU VEILLE


mot qui gît ou veille
jour dur
mot qui tue ses bouches
âme à côté

AU RÉVEIL


tu rêves et ça chauffe
tu t'es déshabillé pour mieux te faire comprendre
la nuit voit les étoiles roter avidement
tout ce noir et maintenant
on a les yeux bridés du sommeil

toi ta peau est la plus tendre
c'est comme le sable
le meilleur crisse sous la main
on s'agrippe à nos peaux du matin
je te le dirai demain

des cœurs rouges - des fleurs
mauves - des morceaux de lèvres violettes
trouvés dans les draps
on les recouvrira
déjà la ville s'agite
mon cœur s'arrête

LE MATIN


après m'être dévêtue
puis-je encore me dévêtir de toi
puis-je comme la mue me dévêtir de ton sourire
jusqu'à ce que cet automne me tue

pourrai-je me dénuder de ta mort
pourrai-je t'habiller pour
te faire revivre
moi mes yeux secs et froids te chercheront encore
quand les baisers s'en iront comme des boutons de lèpre

APRÈS


toi après t'être dévêtu
avoir exploré nos peaux du matin
tes bras tigrés dans les miens
qu’en sera-t-il le soir suivant
de l'obstination de tes
lèvres nues ?

avec ton cœur disparu dans un dé à coudre
quand la fluorescence te recouvre
qu'elle vienne de lèvres noires
ou des octaves pures
dans cet atelier sombre
chambre si peu chaude si peu mièvre
chambre sentant la peau l'égout le camphre la terre les encres
est-ce que tu écoutes
malgré tout cet art
ce qui bat toujours

l'argenterie sur tes dents
le rasoir dans la main
le cul sur la lunette
les pieds hors du drap
l'alcool au bord des lèvres
les lettres sous les yeux
le sommeil sur le vide
un amour dans les bras
est-ce que tu écoutes
mon cœur qui bat

CAFÉ


j'étais ce matin dans mon café comme dans un puits
et j'invitai l'ennui à ma table

lequel s'est pris à m'aimer dernièrement
nous nous parlions en bons amants

qui savent l'impatience - ce muscle de la vie
et le prix d'un café quand il est comme un puits

nous étions tout au fond dans une liqueur de sable
l'automne prenait son temps pour tomber sur la ville

l'ennui au dos du monde - ma paume sur sa main
un lustre de silence qui pendait à un fil

je demandais où va ma vie ? où va ma vie ?

j'étais ce matin en classe comme en Afrique
où les indigènes ne me disent rien

où l’ennui - un fauve noir en désir - en rut impoli
passait sa langue invisible sur ma main

j'inventais des grappes derrière la vitre
je regardais tomber des rivières de pépins
des fleurs et des machettes
du miel et des requins
j'assiégeais des façades dans l’apesanteur
j’avançais nue je volais loin

moi rendue au silence monstrueux - à la peur - à l'étrange
seule - de se chanter sans comprendre

où va ma vie ? Où va ma vie ?

l'odeur avant la neige - tes yeux fermés
pour les aiguilles des sapins - la cendre

les brins qui m'avait coupée la chair - la terre qui fait
remonter les mondes anciens dans les prairies

le long ennui des classes qui crucifie
mes bras d'insecte pour apaiser les tempêtes

les heures qui sonnent aux portes - la longue banquise
comprise entre nos doigts - ton sourire qu'on marbrera

partir - vendre sa peau - placer sa fuite dans un vin
s'amouracher de l’élan - du saut - aller défier un miroir

passer dans une rue sans histoires

où va ma vie ? où va ma vie ?

BOUCHE BÉE


mille langues d'un million de mots attendent
aux portes de mes lèvres
aux portes de mes phrases


bouche bée


une pantomime par un soupirail

un dictionnaire dans un soupir

tous mes âges dans un désir amer

par quoi faut-il commencer
j’ai tellement attendu de vivre

ICI J'AI BEAUCOUP DE SENTIMENTS


Ici j’ai beaucoup de sentiments
Je ne suis pas comme dehors
Où chaque pas me dit - encore !
Ici - je me rends

PLUS RIEN N'EST INNOCENT


Plus rien n'est innocent
Tu pleures dans mes bras
Je ne sais pas ce qu’il faut faire
Tu as raison
Plus rien n'est innocent
Plus rien - même les prières
Maintenant les millénaires
Ne peuvent se dérober
Les voici fixes - fixés
Les voici rayonnant dans leur triste matière
Où plus rien n’est innocent
Ne l’a jamais été

LA PLUIE


la pluie coule sur la ville
et sans doute sur le sang

il y a quelqu’un qui expire
et toute cette douceur
de l’eau qui s’étend
couvre son agonie

la voici diluée
- dans mon esprit
- et pour le reste des temps
l’horreur qui a lieu à quelques rues d’ici

ah - j’ai oublié - ce quelqu’un n’est pas humain

agonie - quel petit mot coloré
et lumineux
et indulgent
pour ce bain violet dans lequel elle descend

PÂTISSERIE CLANDESTINE


quand j'ai un peu le cafard je m'assieds je m'assassine
dit-il
quand j'ai un peu d'amour je vais au cinéma
quand je m'excède je m'endors en moi
jusqu'au matin suivant - déclôt et supportable
si ma vie déçoit je fais de la pâtisserie
clandestine
si je tombe plus bas j'échoue dans tes bras
rêver
une fois tout rassemblé
je vais me disperser - simplement

DANS L'AIR DES ATOMES


Dans l’air des atomes se rencontrent
Même à distance l’une de l’autre
Nous nous frottons l’une à l’autre
Nos périphéries discutent

La poussière qu’on laisse derrière soi
- Telle écume
Nous en savons un peu plus
Même à distance l’une de l’autre

Toutes fenêtres fermées
Petit bocal où remuer
Nos contours

Fenêtres ouvertes et l’air
Fait des cercles avec la poussière
Et nos molécules
- Telle effluve
Se déposent sur l’autre
Même à distance l’une de l’autre

Jamais un pas de plus
Jamais se rapprocher
Vous toucher : jamais
mais invisiblement - c’est fait

VERS GRAVES


I

Donc tu es né sans un cri
ce fut un jour de pluie

des fracas murmuraient
des mots mendiés

pieds au bout d'un couloir
long comme un lit de mort

des envies d'escalier
en marches militaires

je saute tu m'accueilles
bras bleus pupilles nues

un baiser arraché à l'étoffe
des rues j'aime cette fraîcheur

et les sourires gênés dans
les miroirs souviens-t-en

II   

ta bague n'est plus
noire des océans
des doigts l'ont choyée
tu sais
ceux sur les corps
prenant le temps de faire
l'école buissonnière

j'oscille je cherche un Est
à être - un petit Nord imparfait
pudique - le train du Midi
où tanguer
le coût de la vie

je cherche l'histoire
qui se réalise

j'attrape des fleurs
rectifie : des fêlures
à force d'adorer ô d'adorer
on se cogne
que veux-tu qu'on en sache
quand on n'a jamais connu
que des lits pour dormir

...
© Alice Verlaine Corbion - 2023
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