Le centre-ville est mort. Quand bien même il remuerait encore, c’est pour jouer au ping-pong. …Mais en fait, pourquoi vouloir donner l’image d’une ville où plus rien ne se fait ? Pour Philippe CLOSE (échevin du Tourisme PS à l'heure où est publié cet article), le piétonnier est le pari d’un Bruxelles qui n’arrête jamais et où il se passe tout le temps des choses. Paradoxe ? Non. Ambiguïté de vocabulaire et surtout divergence totale de vue sur l’existence. Ces « choses » dont parle Philippe CLOSE ne sont pas l’activité bruxelloise elle-même, le spectacle d’une population qui s’affaire, qui se rencontre dans les cafés et dans les rues, qui prend une voiture, un taxi, un vélo ou un bus parce que selon les circonstances et les cas, elle a des besoins de mobilités divers, qui flâne aussi, qui aime s’arrêter à une terrasse de café pour observer l’animation automobile et piétonne du boulevard central comme si c’était son petit Champs-Élysées, etc., une population bruxelloise dont la convivialité n’a par ailleurs pas attendu Yvan MAYEUR pour être renommée mondialement. Non, l’activité de Bruxelles, selon l’échevin CLOSE et les politiques siégeant actuellement à la Ville, celle qu’il faut promouvoir, ce sont des événements évidemment commerciaux, politiques, festifs, à fond musical, pseudo-culturel ou sportif, parachutés dans le centre-ville pour « animer » on-ne-sait-quoi et « amener de la convivialité » pour je-ne-sais-qui. Merci. Merci beaucoup. Le concept du piétonnier – très opportunément rempli de bons sentiments écologistes – n’est là que pour permettre de réaliser ce programme. Ce programme, les politiques se vantent de n’en avoir étudié préalablement aucune conséquences (mobilité, commerces et emplois, accessibilité, qualité de l’air, qualité de vie, etc.). Ils ont par ailleurs veillé à morceler administrativement le dossier afin de tenter d’échapper à diverses obligations dont l’étude d’incidences. Sans rougir de la bêtise de son raisonnement et de la démagogie de ses déclarations anti-voitures, Yvan Mayeur répète fièrement : j’ai renversé la logique : faire d’abord la ville que nous voulons et adapter l’outil – la mobilité – après. Le projet de ville est plus important que l’automobile, les habitants passent avant la congestion. Une violence symbolique inouïe Les Bruxellois, privés de ce qui leur permettait d’être actifs ou simplement présents (une ville mixte en usages et en population, et accessible, faite pour l’entreprise et la rencontre), exclus de ce qui faisait leur expérience quotidienne et « ordinaire » de leur quartier par ces événements destinés à séduire un tourisme bas de gamme et des oisifs à capuches, les Bruxellois, disais-je, renoncent au centre, avec un mal au coeur indicible. De quelle violence s’agit-il ? La seule violence du Changement ? Non. C’est la violence d’une véritable épuration, sociale, idéologique ET intellectuelle, car pour les politiques, il s’agit de ne donner la place qu’au scénario officiel prévu par eux. Peu importe pour eux que leur vision de Bruxelles ne colle pas à votre usage de la ville, à vos nécessités professionnelles, à la qualité de vie que les commerces spécialisés et/ou de proximité vous offrent, à votre goût pour une ville animée de ses activités propres, à une ville que le spectacle des voitures, aussi, contribue à rendre vivante, etc. Contrairement à ce que dit Yvan Mayeur, l’habitant ne passe pas avant la congestion : c’est le système (piétonnier, anti-voiture, mobilité douce, changement de paradigme) que Mayeur, à la manière des pires maoïstes, veut faire primer sur les individus Loin de réparer le clivage haut/bas de la ville (comme aurait pu le faire par exemple un piétonnier sur la place du Sablon), ce projet de méga-piétonnier renforce un clivage d’autant plus radical qu’il ne sera pas seulement physique mais social. Beaucoup de mes amis ne prennent plus la peine de se déplacer vers le centre, que ce soit en voiture ou en STIB, ne voyant aucun charme ni intérêt à venir vivre la banale et caricaturaleexpérience piétonnier que leur propose Yvan MAYEUR en lieu et place d’un boulevard du centre vivant de ses cafés, ses restaurants, ses passants, vélos, motos et voitures. La rue Dansaert, déserte, et que la suppression des places de stationnement a paradoxalement transformé en potentielle autoroute.
A tout esprit logique, ces manoeuvres font penser à un torpillage volontaire du centre-ville afin que Bruxelles perdre sa vie, son atmosphère industrieuse (c’est-à-dire les signes visibles et naturels que c’est une ville où les gens font, se rencontrent, travaillent, échangent, construisent, créent…). Tuer une ville pour en faire une autre ? Qu’est-ce qui motive donc les initiateurs de ce changement radical du centre ? Un amour immodéré du zonage d’usagers ? Un orgueil monstrueux ambitionnant de marquer l’histoire ? L’idée de transformer une ville d’entreprises humaines en parc à événementiels ? De l’électoralisme envers la jeunesse désœuvrée/oisive qui consomme des canettes dans les rues ? De la bêtise humaine ? Certainement beaucoup de tout ça. Le site d’activisme www.pietonnier.brussels rapporte que selon de grands promoteurs immobiliers, l’opération menée conjointement par Yvan Mayeur, Pascal Smet et Els Ampe serait destinée ni plus ni moins à torpiller le centre-ville de Bruxelles… au profit des nouveaux centres commerciaux situés en Flandre. Une manœuvre flamande pour mettre un coup d’arrêt à la vexation d’une Bruxelles active et francophone qui leur échappe ? Si c’est le cas, c’est bien joué.
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IL PARAIT QUE LE FUTUR...Il paraît que le changement n'est plus ce que nous faisons mais "ce qui nous arrive"... © Alice Verlaine Corbion - 2017.
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