POÈMES
Tu dois chanter pour qu'on te trouve ;
une fois trouvé, tu dois chanter.
Lee Young Lee
une fois trouvé, tu dois chanter.
Lee Young Lee
TA BAGUE N'EST PLUS
ta bague n'est plus
noire des océans
des doigts l'ont choyée
tu sais
ceux sur les corps
prenant le temps de faire
l'école buissonnière
j'oscille je cherche un Est
à être, un petit Nord imparfait
pudique, le train du Midi
où tanguer
le coût de la vie
je cherche l'histoire
qui se réalise
j'attrape des fleurs
rectifie : des fêlures
à force d'adorer ô d'adorer
on se cogne
que veux-tu qu'on en sache
quand on n'a jamais connu
que des lits pour dormir
ta bague n'est plus
noire des océans
des doigts l'ont choyée
tu sais
ceux sur les corps
prenant le temps de faire
l'école buissonnière
j'oscille je cherche un Est
à être, un petit Nord imparfait
pudique, le train du Midi
où tanguer
le coût de la vie
je cherche l'histoire
qui se réalise
j'attrape des fleurs
rectifie : des fêlures
à force d'adorer ô d'adorer
on se cogne
que veux-tu qu'on en sache
quand on n'a jamais connu
que des lits pour dormir
UNE FEMME DANS UNE SALLE NOIRE
j'ai rêvé d'une femme dans une salle noire
qui mangeait des pralines avec un entonnoir
qui les déchiquetait avec ses petites dents blanches
elle riait de se voir nue dans la fringale
et je pensais son corps et je pensais ses jambes
son bras lui entrait droit dans le visage
et l'écran c'était elle lumineux sur l'arcade
se cernant aux contours de ses pommettes immenses
je rêvais d'un poème avalé de sa bouche
AU RÉVEIL
Tu rêves et ça chauffe
tu t'es déshabillé pour mieux te faire comprendre
la nuit voit les étoiles roter avidement
tout ce noir et maintenant
on a les yeux bridés du sommeil
toi ta peau est la plus tendre
c'est comme le sable
le meilleur crisse sous la main
on s'agrippe à nos peaux du matin
je te le dirai demain
des cœurs rouges, des fleurs
mauves, des morceaux de lèvres violettes
trouvés dans les draps
on les recouvrira
déjà la ville s'agite
mon cœur s'arrête
Tu rêves et ça chauffe
tu t'es déshabillé pour mieux te faire comprendre
la nuit voit les étoiles roter avidement
tout ce noir et maintenant
on a les yeux bridés du sommeil
toi ta peau est la plus tendre
c'est comme le sable
le meilleur crisse sous la main
on s'agrippe à nos peaux du matin
je te le dirai demain
des cœurs rouges, des fleurs
mauves, des morceaux de lèvres violettes
trouvés dans les draps
on les recouvrira
déjà la ville s'agite
mon cœur s'arrête
PÂTISSERIE CLANDESTINE
quand j'ai un peu le cafard je m'assieds je m'assassine
dit-il
quand j'ai un peu d'amour je vais au cinéma
quand je m'excède je m'endors en moi
jusqu'au matin suivant, déclôt et supportable
si ma vie déçoit je fais de la pâtisserie
clandestine
si je tombe plus bas j'échoue dans tes bras
rêver
une fois tout rassemblé
je vais me disperser, simplement
HOLLANDE
La nuit salée coule dans mon bras on fait sécher ma gorge sur le fil du jardin j'ai quitté le pays ce matin et je sais trop où je suis je sais où je ne suis pas mon écriture s'enfonce dans la page comme si je n'avais rien à dire tandis que je m'éloigne de lui capital on me vide je ne sais où est ma limite 1000 km peut-être puisqu'à Bordeaux je suffoquais je suis aux rides salées, la vastitude tranchante des vers mauvais ou purs m'attendent ici la mer ne remonte pas on dirait qu'elle a oublié je rêve de fêtes qui n'ont pas eu lieu de maisons où nous n'avons pas été des baisers ruissellent pour personne le long d'un régiment de peupliers la nudité de la lune ici est un problème du coup je sais qu'on est sous le même ciel du coup ma gorge a rugi ses rides nues la vastitude s'est enfoncée vers le matin la mer s'est tranchée en un ventre lointain les ramures sont des mains que j'ai bien connues du coup ma limite s'est dés-oubliée un coup dans ce corps malglacé je me souviens la tendresse qui lui remonte derrière les yeux moi dans les bras d'un désir vitreux et des squames de plaisirs |
HOLLANDE II
ici que dire il y a bien la mer comme on disait des cargos endormis sous les cieux qu'on usait il y a des bancs de sable qui respirent on voit des hologrammes sur le béton des routes les vaches ont remplacé tous les galions alors ça mugit et la nuit a son pouls on cauchemarde, là-dessus rien à dire le port rote ses coques, ses yachts aux couilles design les poissons dans leur soupe s'excitent à la rouille les poulpes et les rois ont la raie de côté je plante sur les digues des prisons de brindilles on se noircit les dents aux ailes qui passent le bras de mer souvent s'enroule autour de moi des ventres de pêcheurs voudraient y goûter j'attends dimanche j'attends les digues j'attends qu'on dérive en longues manches du matin, j'attends ta marée qui a son heure Mon dieu comme j'attends le jour du Seigneur ! |
TUMULIS II
D'étranges enfants existent
comme une foule de joncs
des exhibitionnistes
j'ai 20 ans et toi : non
mais j'ai revu l'avion de guerre à l'étang
et le St Roque d'antan
j'ai vu les jardins junglés
où l'eau noire se sauve
nos fesses sont restées mauves
des jacinthes qui bavaient
Il sonne des millions de secondes soeurs
où nous nous embrassions
Où sont tes milliers d'heures
j'ai vu les voix cousines
et les triomphes chantés
genoux qu'on égratigne
et les nymphes qu'on imagine
et le trésor qu'on leurs devine
le sang des dents qui tombent
l'été qui nous incombe
faire balbutier l'histoire
l'odeur des murs la guerre
et les rires accessoires
les gueules sont les mêmes
on a élevé des grilles
le ciel a de la peine
à verser par ici
MADEMOISELLE B.
Mlle B. est souple
elle étend ses côtelettes
sur un matelas au salon
Mlle B. trône fière
elle n'a jamais eu peur
de me montrer son cul
Mlle B. marche vite
dieu qu'elle est ravissante
sous les parapluies blancs
Mlle B. descend les
heures comme si
elle me poursuivait
Mlle B. se teint
les tifs puis fulmine huit jours
de sa couleur somnifère
Mlle B. ne sort jamais
on ne la trouve pas dans les rues
elle se téléporte
Mlle B. à travers les fenêtres
regarde mon ventre
elle se moque des nanas
Mlle B. mange en peignoir
ça fait un V à son cou
à son cou qui mûrit sans briller
Mlle B. me tue
elle accueille mes mains mortes
d'un coup de pistolet
Mlle B. est tendre
elle inspire aux plantes
des chants nouveaux
Mlle B. m'écoute
ça fait du temps qui passe
peu importe ce qu'on dit
Mlle B. est nomade
elle part parfois
mais elle ne meurt jamais
Mlle B. m'agrippe
le menton puis elle me le balance
car je lui bouche la voie
Mlle B. sent bon
elle se parfume à l'étrange
loin des roulettes W-C
Mlle B. ne m'aime
pas mais elle en admire d'autres
que je deviendrai
Mlle B. est furieuse
on lui trouve l'air hargneux
quand l'eau chaude ne vient plus
Mlle B. s'anime
mais dans les pièces claires
je ne peux pas l'aider
Mlle B. se peint les lèvres
elle embrasse à pleine bouche
les joues Ô amour digital
Mlle B. s'étrangle
dans son foulard de soie
pour ne pas trop me voir
Mlle B. sourit quand
Monsieur B. sourit
ça c'est normal
Mlle B. est souple
elle étend ses côtelettes
sur un matelas au salon
Mlle B. trône fière
elle n'a jamais eu peur
de me montrer son cul
Mlle B. marche vite
dieu qu'elle est ravissante
sous les parapluies blancs
Mlle B. descend les
heures comme si
elle me poursuivait
Mlle B. se teint
les tifs puis fulmine huit jours
de sa couleur somnifère
Mlle B. ne sort jamais
on ne la trouve pas dans les rues
elle se téléporte
Mlle B. à travers les fenêtres
regarde mon ventre
elle se moque des nanas
Mlle B. mange en peignoir
ça fait un V à son cou
à son cou qui mûrit sans briller
Mlle B. me tue
elle accueille mes mains mortes
d'un coup de pistolet
Mlle B. est tendre
elle inspire aux plantes
des chants nouveaux
Mlle B. m'écoute
ça fait du temps qui passe
peu importe ce qu'on dit
Mlle B. est nomade
elle part parfois
mais elle ne meurt jamais
Mlle B. m'agrippe
le menton puis elle me le balance
car je lui bouche la voie
Mlle B. sent bon
elle se parfume à l'étrange
loin des roulettes W-C
Mlle B. ne m'aime
pas mais elle en admire d'autres
que je deviendrai
Mlle B. est furieuse
on lui trouve l'air hargneux
quand l'eau chaude ne vient plus
Mlle B. s'anime
mais dans les pièces claires
je ne peux pas l'aider
Mlle B. se peint les lèvres
elle embrasse à pleine bouche
les joues Ô amour digital
Mlle B. s'étrangle
dans son foulard de soie
pour ne pas trop me voir
Mlle B. sourit quand
Monsieur B. sourit
ça c'est normal
SUCRE (extrait)
ils ont vu une bête bleue
drapée des rideaux graisseux
d'une école
qui prenait le soleil
qui s'absentait sur un rayon
qui prenait le large à la fenêtre
Le doute est plat
c'est une flaque froide
coulée sur les toits
béton poli jusqu'à
l'horizon malade
la certitude est dense
ses récifs griffent
longues chaînes sans ordre et distances
qui tournent à l'horreur rance
de chute en chute haute
moi qui étais là qui attends midi
qui n'attends pas midi
mais l'heure que ta venue baptise
l'heure qui porte ton nom
je reste animal triste
les pavés se métamorphosent
le rouge des boîtes aux lettres s'y décompose
la crèche vient à carillonner
les crânes qui passent en bas à se bomber
la perspective prend des allures de prison
si tu viens j'arrive si tu viens je fuis
si tu pars je cours si tu pars je vais plus vite je vis
si tu fuis je poursuis
si tu reviens les jours adoptés je t'abandonne
madone
si tu ne viens jamais
on m'enseigne
la fuite
l'horizon où tu nais
oui la géométrie des villes
il faudrait qu'on comprenne
la fuite
en points sans pouvoir fuir
d'un saut vers
l'horizon
sauter
pied-sur-le-rebord-les-bras-comme-des-arbres-quatre-étages-clôts-la-jambe-dans-le
vide
le cours reprend
porte toi bien l'heure en marée qui te porte
file
sans escale jusqu'ici
J'AI LE PLEURS TOURNESOL (extrait de PAUPIÈRES AGONIES)
j'ai le pleurs tournesol
j'ai la main ébouillie
j'ai les yeux marrakech
j'ai les doigts pathétiques
mon ventre est noir-acide
j'ai des amphibies
les maisons strawberrient
le ciel danse au pétrol
j'ai vu le cercle-en-ciel !
j'ai le pleurs tournesol
j'ai la main ébouillie
j'ai les yeux marrakech
j'ai les doigts pathétiques
mon ventre est noir-acide
j'ai des amphibies
les maisons strawberrient
le ciel danse au pétrol
j'ai vu le cercle-en-ciel !
CE FUT PRÈS DU CANAL
ce fut près du canal au quatrième étage
où les derniers bateaux chantent en langue turque
et la galère en face c'est une usine rauque
le jour donnait un son à chaque flamme
un baiser n'est pas neuf c'est l'amour des palais
pour les marches je te suis facile comme un clavier
sur le palier blanc-gris voilà qu'on effaçait
les regards sous les baies qui nous pointaient là-bas
puis le vertige des vieilles ascensions
qui me vient dans les yeux jouer de la bascule
puis les ellipses la récréation
les hautes intentions ton coeur-gourmandise
il nous faudrait toujours dire
aurevoir avant le temps qui manque
à ceux qu'on adore dans les cages d'escaliers
pour avoir souffler sur notre visage
DANDELIONS
Depuis le temps qu'on immobile
et nos ombres secouer
depuis que pyjamas défilent depuis
mes doigts fatigués
depuis le temps que oublier
mais l'alphabet facile
depuis le temps que demain vienne
avec les manteaux colorés
maintenant langue raccourcie
maintenant faim bras trop courts
Depuis le temps qu'on immobile
et nos ombres secouer
depuis que pyjamas défilent depuis
mes doigts fatigués
depuis le temps que oublier
mais l'alphabet facile
depuis le temps que demain vienne
avec les manteaux colorés
maintenant langue raccourcie
maintenant faim bras trop courts