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ALICE VERLAINE CORBION

POÈMES

TA BAGUE N'EST PLUS
UNE FEMME DANS UNE SALLE NOIRE
AU RÉVEIL
PÂTISSERIE CLANDESTINE
HOLLANDE
HOLLANDE II
TUMULIS II
MADEMOISELLE B.
SUCRE
J'AI LE PLEURS TOURNESOL
CE FUT PRÈS DU CANAL
DANDELIONS

Tu dois chanter pour qu'on te trouve ;
une fois trouvé, tu dois chanter.

Lee Young Lee
TA BAGUE N'EST PLUS

ta bague n'est plus
noire des océans
des doigts l'ont choyée
tu sais
ceux sur les corps
prenant le temps de faire
l'école buissonnière

j'oscille je cherche un Est
à être, un petit Nord imparfait
pudique, le train du Midi
où tanguer
le coût de la vie

je cherche l'histoire
qui se réalise

j'attrape des fleurs
rectifie : des fêlures
à force d'adorer ô d'adorer
on se cogne
que veux-tu qu'on en sache
quand on n'a jamais connu
que des lits pour dormir

 

UNE FEMME DANS UNE SALLE NOIRE


j'ai rêvé d'une femme dans une salle noire
qui mangeait des pralines avec un entonnoir
qui les déchiquetait avec ses petites dents blanches

elle riait de se voir nue dans la fringale
et je pensais son corps et je pensais ses jambes
son bras lui entrait droit dans le visage

et l'écran c'était elle lumineux sur l'arcade
se cernant aux contours de ses pommettes immenses
je rêvais d'un poème avalé de sa bouche

 
AU RÉVEIL

Tu rêves et ça chauffe
tu t'es déshabillé pour mieux te faire comprendre
la nuit voit les étoiles roter avidement
tout ce noir et maintenant
on a les yeux bridés du sommeil

toi ta peau est la plus tendre
c'est comme le sable
le meilleur crisse sous la main
on s'agrippe à nos peaux du matin
je te le dirai demain

des cœurs rouges, des fleurs
mauves, des morceaux de lèvres violettes
trouvés dans les draps
on les recouvrira
déjà la ville s'agite
mon cœur s'arrête

 

PÂTISSERIE CLANDESTINE


quand j'ai un peu le cafard je m'assieds je m'assassine
dit-il
quand j'ai un peu d'amour je vais au cinéma
quand je m'excède je m'endors en moi
jusqu'au matin suivant, déclôt et supportable
si ma vie déçoit je fais de la pâtisserie
clandestine
si je tombe plus bas j'échoue dans tes bras
rêver
une fois tout rassemblé
je vais me disperser, simplement

 
HOLLANDE

La nuit salée coule dans mon bras
on fait sécher ma gorge sur le fil du jardin
j'ai quitté le pays ce matin et je sais trop où je suis
je sais où je ne suis pas

mon écriture s'enfonce dans la page comme
si je n'avais rien à dire
tandis que je m'éloigne de lui capital on me vide
je ne sais où est ma limite 1000 km peut-être
puisqu'à Bordeaux je suffoquais

je suis aux rides salées, la vastitude tranchante
des vers mauvais ou purs m'attendent
ici la mer ne remonte pas on dirait
qu'elle a oublié

je rêve de fêtes qui n'ont pas eu lieu
de maisons où nous n'avons pas été
des baisers ruissellent pour personne
le long d'un régiment de peupliers

la nudité de la lune ici est un problème
du coup je sais qu'on est sous le même ciel
du coup ma gorge a rugi ses rides nues
la vastitude s'est enfoncée vers le matin

la mer s'est tranchée en un ventre lointain
les ramures sont des mains que j'ai bien connues
du coup ma limite s'est dés-oubliée
un coup dans ce corps malglacé

je me souviens

la tendresse qui lui remonte derrière les yeux
moi dans les bras d'un désir vitreux
et des squames de plaisirs

 
HOLLANDE II

ici que dire il y a bien la mer comme on disait

des cargos endormis sous les cieux qu'on usait

il y a des bancs de sable qui respirent



on voit des hologrammes sur le béton des routes

les vaches ont remplacé tous les galions

alors ça mugit et la nuit a son pouls

on cauchemarde, là-dessus rien à dire



le port rote ses coques, ses yachts aux couilles design

les poissons dans leur soupe s'excitent à la rouille

les poulpes et les rois ont la raie de côté



je plante sur les digues des prisons de brindilles

on se noircit les dents aux ailes qui passent

le bras de mer souvent s'enroule autour de moi

des ventres de pêcheurs voudraient y goûter



j'attends dimanche j'attends les digues

j'attends qu'on dérive en longues manches

du matin, j'attends ta marée qui a son heure

Mon dieu comme j'attends le jour du Seigneur !

 

TUMULIS II


D'étranges enfants existent
comme une foule de joncs
des exhibitionnistes

j'ai 20 ans et toi : non
mais j'ai revu l'avion de guerre à l'étang
et le St Roque d'antan
j'ai vu les jardins junglés
où l'eau noire se sauve
nos fesses sont restées mauves
des jacinthes qui bavaient

Il sonne des millions de secondes soeurs
où nous nous embrassions
Où sont tes milliers d'heures

j'ai vu les voix cousines
et les triomphes chantés
genoux qu'on égratigne
et les nymphes qu'on imagine
et le trésor qu'on leurs devine
le sang des dents qui tombent
l'été qui nous incombe

faire balbutier l'histoire
l'odeur des murs la guerre
et les rires accessoires

les gueules sont les mêmes
on a élevé des grilles
le ciel a de la peine
à verser par ici

 
MADEMOISELLE B.

Mlle B. est souple
elle étend ses côtelettes
sur un matelas au salon

Mlle B. trône fière
elle n'a jamais eu peur
de me montrer son cul

Mlle B. marche vite
dieu qu'elle est ravissante
sous les parapluies blancs

Mlle B. descend les
heures comme si
elle me poursuivait

Mlle B. se teint
les tifs puis fulmine huit jours
de sa couleur somnifère

Mlle B. ne sort jamais
on ne la trouve pas dans les rues
elle se téléporte

Mlle B. à travers les fenêtres
regarde mon ventre
elle se moque des nanas

Mlle B. mange en peignoir
ça fait un V à son cou
à son cou qui mûrit sans briller

Mlle B. me tue
elle accueille mes mains mortes
d'un coup de pistolet

Mlle B. est tendre
elle inspire aux plantes
des chants nouveaux

Mlle B. m'écoute
ça fait du temps qui passe
peu importe ce qu'on dit

Mlle B. est nomade
elle part parfois
mais elle ne meurt jamais

Mlle B. m'agrippe
le menton puis elle me le balance
car je lui bouche la voie

Mlle B. sent bon
elle se parfume à l'étrange
loin des roulettes W-C

Mlle B. ne m'aime
pas mais elle en admire d'autres
que je deviendrai

Mlle B. est furieuse
on lui trouve l'air hargneux
quand l'eau chaude ne vient plus

Mlle B. s'anime
mais dans les pièces claires
je ne peux pas l'aider

Mlle B. se peint les lèvres
elle embrasse à pleine bouche
les joues Ô amour digital

Mlle B. s'étrangle
dans son foulard de soie
pour ne pas trop me voir

Mlle B. sourit quand
Monsieur B. sourit
ça c'est normal

 

SUCRE
(extrait)

ils ont vu une bête bleue
drapée des rideaux graisseux
d'une école
qui prenait le soleil
qui s'absentait sur un rayon
qui prenait le large à la fenêtre

Le doute est plat
c'est une flaque froide
coulée sur les toits
béton poli jusqu'à
l'horizon malade

la certitude est dense
ses récifs griffent
longues chaînes sans ordre et distances
qui tournent à l'horreur rance
de chute en chute haute

moi qui étais là qui attends midi
qui n'attends pas midi 
mais l'heure que ta venue baptise
l'heure qui porte ton nom
je reste animal triste

les pavés se métamorphosent
le rouge des boîtes aux lettres s'y décompose
la crèche vient à carillonner
les crânes qui passent en bas à se bomber
la perspective prend des allures de prison

si tu viens j'arrive si tu viens je fuis
si tu pars je cours si tu pars je vais plus vite je vis
si tu fuis je poursuis
si tu reviens les jours adoptés je t'abandonne
madone
si tu ne viens jamais

on m'enseigne
la fuite
l'horizon où tu nais
oui la géométrie des villes
il faudrait qu'on comprenne
la fuite
en points sans pouvoir fuir
d'un saut vers
l'horizon 
sauter
pied-sur-le-rebord-les-bras-comme-des-arbres-quatre-étages-clôts-la-jambe-dans-le
vide
le cours reprend

porte toi bien l'heure en marée qui te porte
file
sans escale jusqu'ici

 
J'AI LE PLEURS TOURNESOL (extrait de PAUPIÈRES AGONIES)

j'ai le pleurs tournesol
j'ai la main ébouillie
j'ai les yeux marrakech
j'ai les doigts pathétiques

mon ventre est noir-acide
j'ai des amphibies
les maisons strawberrient
le ciel danse au pétrol
j'ai vu le cercle-en-ciel !

 

CE FUT PRÈS DU CANAL

ce fut près du canal au quatrième étage
où les derniers bateaux chantent en langue turque
et la galère en face c'est une usine rauque
le jour donnait un son à chaque flamme

un baiser n'est pas neuf c'est l'amour des palais
pour les marches je te suis facile comme un clavier
sur le palier blanc-gris voilà qu'on effaçait
les regards sous les baies qui nous pointaient là-bas

puis le vertige des vieilles ascensions
qui me vient dans les yeux jouer de la bascule
puis les ellipses la récréation
les hautes intentions ton coeur-gourmandise

il nous faudrait toujours dire
aurevoir avant le temps qui manque
à ceux qu'on adore dans les cages d'escaliers
pour avoir souffler sur notre visage


DANDELIONS

Depuis le temps qu'on immobile

et nos ombres secouer

depuis que pyjamas défilent depuis

mes doigts fatigués

depuis le temps que oublier

            mais l'alphabet facile

depuis le temps que demain vienne

avec les manteaux colorés

maintenant langue raccourcie

maintenant faim bras trop courts

© Alice Verlaine Corbion - 2020
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